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Algérie coloniale musulmans et chrétiens : Le contrôle de l’Etat (1830 – 1914)
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Algérie coloniale musulmans et chrétiens : Le contrôle de l’Etat (1830 – 1914)

De Oissila Saaidia, Préface d’Henry Laurens, CNRS EDITIONS, Paris 2015

A la suite du débarquement à Sidi-Ferruch (14 juin 1830), de la prise d’Alger, de l’extension de la conquête et d’une immigration européenne de plus en plus importante, les autorités françaises, formées au jacobinisme et au Concordat (1801, « le catholicisme est la religion de la majorité des Français ») et attachées au Code Civil dont Jean Carbonnier écrira plus tard qu’il est la véritable constitution des Français, se trouvèrent en Algérie face à un double problème, absolument nouveau. D’une part, elles eurent à gérer les conséquences politiques de la confrontation entre leur culture et une religion dont elles ignoraient à peu près tout, religion « globale », entrainant pour ses adeptes des incidences juridiques très fortes (droits de la famille, des personnes, du crédit etc.) et dont elles voyaient les « animateurs » (l’Islam sunnite n’a pas de clergé) comme les propagandistes de menées anti-françaises. D’autre part, elles eurent à accompagner l’arrivée de populations à la religion (catholique essentiellement) bien connue d’elles mais dont une grande partie était originaire de nations (l’Espagne surtout, mais aussi l’Italie) qui avait sur l’Algérie des visées concurrentes à celles de la France. Face à l’Islam, les autorités françaises eurent une attitude inspirée de l’expérience révolutionnaire (nationalisation des biens habous provenant de pieuses donations et ayant pour objet la subsistance de confréries) et du Concordat (sinon création d’un clergé du moins organisation du culte musulman et contrôle des imans). Face au catholicisme (essentiellement Espagnol et Italien, les « Français de souche » étant, au départ de la colonie tout au moins, plutôt déchristianisés), le gouvernement français fit en sorte d’imposer d’une part le rattachement au régime concordataire (entraînant un fort droit de regard sur la nomination du clergé) d’autre part, par voie de conséquence, un clergé d’origine métropolitaine, non suspect donc de propager des thèses « anti-françaises ». Dès le début rien ne fut simple mais tout se compliqua avec la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat : comment respecter le (nouveau) principe de laïcité alors que l’on veut contrôler les cultes dominants ? En l’adaptant, voire en le contournant… ! Il en sera ainsi, bien plus tard des principes des principes de l’égalité des droits civils et de l’unité de législation sur le territoire de la République… !

Décrire cet ensemble de problèmes successifs, en montrer les implications et les liens, scruter les différentes mesures organisationnelles et présenter les différents acteurs politiques ou religieux, tel est le but du beau livre de Madame Saaidia. On n’est pas obligé d’adhérer à toutes ses conclusions, mais on doit la remercier de cette description (la première de cette ampleur à notre connaissance), fondée sur une forte documentation, d’une situation complexe. Comme le fait remarquer dans sa préface le Professeur H. Laurens : « c’est une contribution essentielle à l’histoire de l’Algérie coloniale… apportant à notre époque… bien des sujets de réflexion ».

« La laïcité n’est pas un produit d’exportation » : comment faire alors, lorsque le pays de la laïcité (comme il est celui des Droits de l’homme et de la gastronomie…) importe à haute dose les pratiquants d’une religion « totale » et « sans clergé » ? Il y a peut-être des leçons à tirer d’un passé qui est le nôtre, où la France a connu une situation proche (mais inversée) de celle rencontrée aujourd’hui. Le livre de Madame Saaidia (et ses autres travaux d’ailleurs) doit aider à la réflexion.

Jean-Christian SERNA
FM-GACMT (2015)

Broché : 408 pages

Editeur : Cnrs (12 février 2015)

Collection : Histoire

Langue : Français

ISBN-10 : 2271081408

ISBN-13 : 978-2271081407

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