Histoire vivante et uniformes de la Guerre d'Algérie.

Tout d’abord pouvez-vous vous présenter ?

Je suis archiviste de profession (SHD) mais j’ai suivi et obtenu une licence d’Histoire poursuivie par un Master. Parallèlement je suis reconstitueur, j’ai longtemps appartenu à l’association « les oies sauvages » qui m’a permis de mieux appréhender ce que l’on peut appeler « l’histoire vivante », la reconstitution qui est la base de mon ouvrage sur les uniformes de la guerre d’Algérie…

Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à l « histoire vivante » et à celle de la guerre d’Algérie en particulier ?

Tout d'abord par mon histoire familiale - je suis issu d’une famille pied noire du côté maternel qui vient de Constantine. Passionné d'histoire ensuite et donc de la guerre d'Algérie, je me suis lancé dans l'éciture d'articles pour Militaria magazine. J'en suis donc venu tout naturellement à l'Histoire vivante en découvrant la reconstitution historique en 2011.

J'ai suivi de même dans le cadre ma licence d'Histoire un cours intitulé « histoire en action » qui m'a permis de monter avec d'autres étudiants un contenu pédagogique pour le BDI : le « cartable numérique » qui consistait à mettre à la disposition des élèves en ligne des documents originaux de cette époque commentés et confrontant les différents regards (ex : OAS/FLN).

Vous évoquiez vos origines pieds-noirs. Quel regard portez-vous, à titre personnel sur la Guerre d’Algérie ?

Mon grand-père tenait le bar de la Messagerie qui a été touché par un attentat FLN à la grenade et qui a été ensuite, un peu plus tard, plastiqué cette fois par l’OAS.

Ma famille porte un regard équilibré sur ce conflit, loin de toute haine. Elle n’a aucune rancune, ils prennent du recul. Mes grands-parents sont intelligents et cultivés et m’ont inculqué cela. C’est ce que j’essaye de faire en tous les cas avec mon livre. Prendre du recul.

Revenons-en à votre ouvrage, qu’est-ce qui vous a décidé à le réaliser ?

Ce premier ouvrage est un guide d’uniformologie. Je l’ai signé en tant qu’historien avec le magazine Militaria pour lequel je suis depuis plusieurs années pigiste. J’ai commencé à écrire pour ce magazine par le biais de la reconstitution, le président de l’association dont je faisais partie « les oies sauvages » connaissait bien le rédacteur en chef de Militaria et m’a proposé pour une série d’articles. J’écris principalement sur la Guerre d’Algérie et son histoire vivante.

Avec ce livre j’ai tenu, en tant que jeune historien, à évoquer la guerre d’Algérie à travers les différents uniformes portés par l’armée française. Il ne s’agit là que d’une sélection, le livre ne se veut pas exhaustif, mais qui témoigne bien du conflit.

Pour la guerre d’Algérie, il ne s’agit pas de reconstituer comme pour d’autres époques des combats, des batailles, mais simplement de reconstituer le plus justement possible les uniformes à partir de pièces originales encore trouvables et accessibles aujourd’hui pour les collectionneurs. Les uniformes et équipements français présentés dans le livre sont d’ailleurs à 98 % des originaux.

J’ai voulu faire un échantillon représentatif de ce qu’était l’armée française durant la guerre d’Algérie, Appelés, militaires de carrière, armée de Terre, armée de l’air, gendarmerie, le plus d’unités variées.  Il est important de trouver des pièces dans la patine correspondant à la mise en contexte.

Toutes les pièces présentées dans cet ouvrage vous appartiennent-elles ?

Une bonne partie. J’ai fait appel pour des pièces manquantes qui sont très rares à des collectionneurs amis qui ont aussi servi de mannequins pour mettre en scène ces uniformes. Des prêts aussi pour des questions de logistique, j’ai, parcouru toute la France pour réaliser les photos. J’ai fait en tout 8500 photos pour réaliser cet ouvrage qui n’en présente donc qu’une infime partie mais a permis une belle sélection finale.

C’est un ami collectionneur auteur du livre qui précède le mien dans la même collection qui m’a donné envie de me lancer. Son thème : le maquisard et partisan qui fait un tour d’horizon de tous les maquis en métropole durant la Seconde guerre mondiale.

Propos recueillis par Emmanuelle Chanteranne

Pour en savoir plus sur son ouvrage SOLDATS D'ALGERIE (1954-1962)

Le cartable numérique est accessible via notre rubrique OUTILS PEDAGOGIQUES