Ce site utilise javascript pour fonctionner. Pour une expérience optimale, merci de bien vouloir l'activer.

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies ou autres traceurs pour réaliser des statistiques de visites. En savoir plus

Ouverture du colloque "Harkis, des mémoires à l'histoire" par M. Frédéric Grasset
AA

Ouverture du colloque "Harkis, des mémoires à l'histoire" par M. Frédéric Grasset

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, je voudrais tout d’abord vous remercier de votre participation à ce colloque organisé par la Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie, des combats du Maroc et de Tunisie, plus communément et peut-être plus commodément dénommée Fondation pour la mémoire Algérie Maroc Tunisie, comme si, au fond, cette mémoire ne se limitait pas à ce que l’on appelle des parenthèses paroxystiques que constituent les combats de la décolonisation.

Le 25 septembre de cette année 2013, dans son discours adressé lors de la journée des Harkis, Monsieur Kader Arif, ministre délégué auprès du ministre de la défense chargé des anciens combattants,  a employé des mots forts sur la grande errance de la communauté harki : déracinement, abandon, oubli. Il a également marqué le chainon que représente la fondation pour la mémoire Algérie Maroc Tunisie dans une histoire qui est ignorée, oubliée, trahie.

 Peut-être sommes-nous enfin arrivés, je ne dis pas le 25 septembre, enfin arrivés de au moment où la recherche, la réflexion, la confrontation des analyses permettra une meilleure compréhension de cette histoire.

Peut-être aussi sommes-nous arrivés enfin au moment où, comme le disait le grand historien Pierre Nora dans Les Lieux de Mémoire, le besoin de mémoire est un besoin d’histoire. Et où après la mémoire « archive », la mémoire « devoir », il faut ce troisième trait qui est appelé la mémoire « distance » pour compléter le tableau de ces métamorphoses, où l’histoire s’installe selon la très belle formule employée dans cet ouvrage comme « un imaginaire de remplacement ».

Rien ni personne ne remplacera le professeur Daniel Lefeuvre, auquel je voudrais rendre hommage. Il a présidé le conseil scientifique de cette fondation entre mai et novembre 2013. Brève trajectoire, lumineuse, passionnée, généreuse, rigoureuse. Sa maladie lui était plutôt un aiguillon qu’une charge. Il a utilisé l’une et l’autre avec un courage que l’on pourrait qualifier de romain. Si je le cite aujourd’hui, c’est qu’il a apporté dès son arrivée, dans la foulée de notre premier colloque sur l’armée d’Afrique, un soutien total à notre projet sur les Harkis : opérer cette transformation mémoire-histoire par le biais de l’identité, passer de l’identification militaire à l’identité politique, c'est-à-dire celle de l’appartenance à la cité au sens le plus large du terme et non à un groupe idéologique ou revendicatif. Daniel Lefeuvre était connu pour son « Etude de l’économie coloniale française », bon disciple et ami de Jacques Marseille.

 Je voudrais aujourd’hui, en votre présence, le saluer comme un ami qui a donné à la fondation, à notre projet harki une profondeur et une dimension nouvelles. Nous lui devons cet hommage qui s’ajoute à tous ceux qui lui ont déjà été rendus. Ce ne sera pas le seul. Nous poursuivrons, lui absent, cette trajectoire qu’il a dessinée et illustrée. Vous trouverez en particulier la trace de cette trajectoire dans la présentation du colloque qui est celle des textes qui figurent dans le dossier qui vous a été remis.

Cette présentation est l’esprit dans lequel nous voulons que cette manifestation se déroule. Elle est la trame de ce que nous voulons apporter comme contribution à cette histoire  et j’entends bien le mot histoire, je ne parle pas du mot mémoire, à cette histoire des Harkis.Je voudrais simplement vous lire le paragraphe qui les concerne.

« Ce colloque a pour objet d’apporter sinon des réponses satisfaisantes et définitives, du moins des éléments et des éclairages qui rendent justice à des hommes qui ont été des acteurs importants d’un moment de notre histoire. C’est la raison pour laquelle il est demandé aujourd’hui à des historiens et à des personnalités, particulièrement compétentes, d’apporter à la fois la rigueur de l’analyse et l’intérêt du témoignage. Ce colloque n’a pas d’autre ambition et encore moins celle de distribuer le blâme ou l’éloge selon les publics et les circonstances. »

Dans toutes les présentations que vous pourrez lire, ou entendre, je me permets simplement de retenir ces quelques mots, ce petit paragraphe, parce que Daniel Lefeuvre et nous-même à la fondation, que ce soit au conseil scientifique ou au conseil d’administration, avions le sentiment que nous pouvions, avec cette perspective, ouvrir à la fois une perspective historique et en même temps apporter le soutien ,de toutes les mémoires .Mémoires nombreuses. Mémoires ,cachées  ignorées, contestées, combattues tant elles renvoyaient à une page  brulante de notre histoire .   Elles revendiquent légitimement aujourd’hui le droit de cité historique.

Cet après-midi sera consacré à un éclairage qui manque souvent, celui de l’histoire des supplétifs. C’est une histoire complexe dans laquelle les Harkis s’intègrent de façon, elle aussi, assez complexe. Et derrière ce terme générique de grandes  diversités de situations. Un fil conducteur à tout cela : toujours le besoin à un moment de la Puissance, qu’elle soit nationale ou coloniale, peu importe, de recourir à des auxiliaires, comme si elle-même était peu assurée de sa propre force et comme si elle-même mesurait , par cet appel, à la fois la complexité, les limites de son propre engagement dans des milieux qui lui  sont très étrangers .

Ceci amène à réfléchir sur la nature même  des expansions coloniales, l’identité des groupes auxquels on fait appel pour la soutenir, ceux auxquels on ne fait plus appel lorsque l’on n’en a plus besoin. Leçon utile de nos jours pour  les forces engagées dans les opérations extérieures .

Restez informés !

Recevez nos dernières nouvelles directement dans votre boîte mail.

Restons connectés !

Ce site a été réalisé avec le soutien du Ministère des Armées

Ce site a été réalisé avec le soutien du Ministère des Armées